théorie de l’efficience X

thème: Un fonctionnaire ne ressent pas de pression externe. Il n’est pas incité à faire un effort pour améliorer les services rendus. C’est la raison générale du manque d’efficience des administrations de l’Etat.

titre: théorie de l’efficience X
adapté d’une publication de Michel Albouy

La théorie de l’efficience X a été développée par Leibenstein (1978) pour prendre en compte le fait que certaines inefficacités ne résultent pas uniquement d’un défaut d’allocation des facteurs de production.
C’est le cas notamment de l’inefficacité liée à la motivation du personnel ou à une mauvaise organisation de l’entreprise. L’auteur commence par s’interroger sur la notion d’efficacité telle que développée par la théorie micro-économique conventionnelle, il fait remarquer ensuite qu’à travers le postulat selon lequel le marché alloue de manière optimale, les facteurs de production entre firmes et secteurs, la théorie traditionnelle n’analyse qu’un seul type d’efficience : l’efficience allocative.

Se basant sur des recherches empiriques antérieure, Leibenstein conclut que les entreprises disposant de la même composition de main-d’oeuvre (facteur travail) et de la même technologie (facteur capital) peuvent parvenir à des performances inégales en termes de productivité des hommes et de qualité des outputs obtenus. L’auteur précise qu’il existe un facteur X, différent des facteurs de production traditionnels (travail et capital) qui explique l’efficience ou l’inefficience des firmes.

Les réflexions initiales de Leibenstein sur la théorie de l’efficience X étaient appliquées à l’analyse du sous-développement et n’établissaient donc pas de lien formel entre l’inefficience X et l’entreprise publique. Ce lien sera établi pour la toute première fois dans un ouvrage publié en 1978, dans lequel l’auteur dégage un certain nombre de facteurs qui seraient source d’inefficience X dans les entreprises publiques et qui, par conséquent, peuvent justifier les politiques de privatisation de ces entreprises.

L’absence de pression externe constitue le premier facteur d’inefficience dans les entreprises publiques. L’auteur estime que ces entreprises sont souvent en situation de monopole, ce qui favoriserait une « vie tranquille » et n’inciterait pas celles-ci à un effort permanent de recherche de compétitivité. En outre, l’autre argument évoqué par l’auteur pour expliquer la mauvaise performance des entreprises publiques tiendrait à leur « immortalité ». En effet, les entreprises publiques sont immortelles tant qu’elles bénéficient des subventions publiques, ce qui limite considérablement la probabilité de faillite. Dans un tel contexte, les gestionnaires développent une aversion pour le risque, une faible propension à l’innovation et, enfin, une mentalité proche de celle observée dans des bureaux non marchands. Par ailleurs, la multiplicité des objectifs assignés aux entreprises publiques constitue, toujours, selon Leibenstein, un facteur explicatif de leur inefficience. En dépit du fait qu’il ne remet pas en cause le bien-fondé de ces missions (économiques et sociales), il fait remarquer, cependant, que leur caractère souvent conflictuel tend à exacerber les difficultés d’évaluation des gestionnaires et entraîne l’arbitraire de la valse de leurs dirigeants par les ministères de tutelle.

Ainsi, selon la théorie de l’efficience X, les sources d’inefficience dans les entreprises publiques se trouvent justifiées par les comportements de l’État et de ses agents d’une part et d’autre part, par la structure organisationnelle fortement bureaucratisée de celles-ci. C’est pourquoi, les théoriciens de l’efficience X soutiennent que la privatisation pourrait contribuer à réduire de manière substantielle les sources d’inefficience dans les entreprises publiques, permettant ainsi à cellesci, de renouer avec la performance et la compétitivité. Selon les postulats des théoriciens de l’efficience X, la privatisation devrait donc permettre de soustraire les entreprises publiques aux mauvaises influences politiques et, par conséquent, de simplifier et de clarifier leur fonction d’objectifs.

À propos gidmoz
libertarien, ingénieur

15 Responses to théorie de l’efficience X

  1. Les théoriciens de l’efficience X concluent peut-être un peu trop rapidement à LA solution de la privatisation. En effet, leur raisonnement s’applique de manière gigogne à toutes les formes de monopoles, y compris internes. On retrouve donc d’énormes bureaucraties à l’intérieur d’entreprises privées, dont seules quelques unités sont soumises au jugement des clients. Les fonctions support – DRH, direction des achats, de l’informatique ou des finances – en étant exemptées ! Je crois plutôt pour ma part à la nécessité de recréer des univers de responsabilité et d’autonomie, face à la pression légitime du client/usager. Le facteur public ou privé est un faux débat à l’ordre 2. Exemple à l’ANPE : http://ppezziardi.wordpress.com/2012/02/13/pole-emploi-nira-pas-sur-la-lune/

    Cordialement,

  2. gidmoz says:

    @Pierre Pezziardi
    Oui, l’inefficience X touche aussi certains services d’une entreprise privée. Dans toute entreprise, les résultats de certaines activités ne sont pas quantifiables. Les employés ne mesurent alors plus leur efficacité selon un but clairement identifiable. La satisfaction de l’employé ne peut plus dépendre d’un résultat efficace pour l’entreprise. Chaque employé trouve alors la satisfaction de son travail dans des critères qui sont indépendants de leur efficacité pour l’ensemble de l’entreprise.

    Cette difficulté de gestion rejoint, amha, la théorie de l’agence. A quelles condition le directeur de l’entreprise aura-t-il un intérêt personnel qui puisse rejoindre l’intérêt des actionnaires? Là encore, les critères d’efficacité du travail du directeur sont toujours différents de l’intérêt des actionnaires.

    • OK, nous sommes en phase.
      Maintenant cette situation n’est peut-être qu’une ornière dans laquelle nous nous complaisons. Les employés, les actionnaires et les clients ont structurellement des intérêts qui peuvent diverger : les premiers peuvent rechercher plus de confort en augmentant leurs émoluments ou en négligeant les clients, les seconds peuvent se polariser sur des bénéfices à court terme, et les troisièmes réclamer des prix toujours plus bas mettant en péril le modèle social de la société …
      Or ce rapport de force n’est pas réellement géré dans la plupart des entreprises et administrations, hormis quelques groupements mutualistes en particulier (où l’on retrouve au Conseil les 3 composantes citées). Certaines entreprises commencent à réaliser cette nécessité d’alignement permanent des objectifs de chacune des parties prenantes, allant de pair avec le devoir d’amélioration continue, dont la condition est une certaine forme d’autonomie : https://www.notrebanque.com/edito/manifest.html

      Cordialement,
      PP

  3. gidmoz says:

    @Pierre Pezziardi
    Dans une entreprise privée, chaque critère de qualité de travail d’un employé vise, certes indirectement, le profit des actionnaires. Les ventes doivent être supérieures aux coûts de production. Cette règle inspire indirectement chaque action de chaque employé. Il est nécessaire, et vital, que la production nette de l’entreprise soit positive.

    Il n’existe pas de rapport de force, amha, entre les employés et l’employeur, puisque leur relation est régie par le seul contrat. Cela est vrai autant pour les entreprises privées que pour les administrations publiques. Il faut chercher ailleurs leurs différences dans la gestion de leurs personnels respectifs.

    Une administration étatique a une comptabilité organisée par les règles de l’administration publique. C’est à dire que la valeur de la production est égale, par convention, au coût de production.

    Dans une entreprise privée, la valeur des ventes est mesurée par des vrais prix, c’est à dire des prix offerts par des clients qui payent avec leur vrai argent. La comptabilité enregistre la vraie valeur des vraies ventes, celle que les clients acceptent de donner à leur achat.

    Une administration publique ne gère pas selon le profit, puisque ce concept de profit est nécessairement absent de sa comptabilité. Le profit est de produire plus de valeur que la valeur consommée pour cette production. Pas une administration publique. Et aucun employé d’une administration publique ne recherche cet objectif. Ni directement, ni indirectement.

    • Merci pour ce complément, mais encore une fois, je ne remets pas en cause l’analyse qui est faite de la perte de sens dûe à l’absence de confrontation aux usagers dans les administrations. Je souhaite simplement ajouter que vous retrouvez /intégralement/ ce phénomène dans les directions support des grandes entreprises privées, où par exemple un acheteur sélectionnera des produits qui lui font obtenir sa prime selon les critères de sa Direction (le moins cher), mais qui impacteront négativement la production, et donc l’optimum global pour l’entreprise, à cause de problèmes de qualité sur ces fournitures… Je vous engage donc à éviter le raccourci « public=pas confronté au marché/pas bien », « privé=confronté au marché/bien ».
      Cordialement,

  4. gidmoz says:

    @Pierre Pezziardi
    Oui, ce phénomène de l’efficience X, ou plutôt de l’inefficience X, peut exister dans une entreprise privé ou dans une administration publique. Cependant, une manière de limiter cette inefficience est de pouvoir appliquer un critère logique et acceptable. Le recherche du profit est un critère simple, moral et mesurable. L’entreprise a la chance de disposer d’un tel critère de motivation de l’employé. L’administration publique ne dispose pas de ce critère de motivation des employés. Je ne vois pas d’autre critère universel de motivation qui puisse être commun à tous les employés d’une même organisation humaine.

    Cette motivation du profit de l’entreprise est avant tout moral, puisqu’il signifie de plus créer que de détruire des richesses et des ressources. La motivation de l’employé d’une administration publique ne pourra jamais être mesurée par un critère objectif. Et chaque employé d’une administration publique pourra et devra choisir une motivation individuelle, et différente, a priori, de celle des ses autres collègues.

    • Oui, maximiser le profit est un critère fiable et mesurable pour juger la performance d’une organisation. Quant à être moral, cela me semble abusif dans bien des cas. 

      Comme nous en convenions plus haut, il y a souvent désalignement entre intérêts des actionnaires (le profit) et intérêts des clients. Ainsi le prix démesuré d’une commission d’intervention sur un découvert bancaire de quelques euros ou le loyer d’un studio dans Paris ne sont pas à proprement parler des arrangements gagnant-gagnant tels que vous les décrivez. Le client peut subir un abus de position dominante, une spéculation sur un marché, une consommation obligatoire ..

      De plus, outre le prix, la satisfaction d’un client ou d’un usager passe par un faisceau de critères plus subjectifs : temps, rapport humain, appartenance, bénéfice moral ou surcroît de bien-être .. Tout ceci étant difficilement mesurable j’en conviens. Cependant quiconque a par exemple utilisé un centre d’appel industriel distinguera cette expérience d’une conversation avec un expert qui vous connait. 

      Mon sentiment me pousse donc à éviter le clivage privé/critère de performance mesurable/bien versus public/critère de performance non mesurable/mal. Mais plutôt constater le glissement, le laisser aller de toute organisation, de la recherche de la satisfaction de ses usagers (sous contrainte de profits) aux premiers jours, à la recherche exclusive de son profit après quelques temps. 

      Ce glissement s’observe partout, avec l’augmentation de la taille, qu’il s’agisse d’une mutuelle agricole, d’un constructeur automobile ou d’un pôle Emploi. Je crois donc souhaitable, plutôt qu’opposer privé et public, de reconnaitre le caractère immoral des structures ne recherchant plus que leur profit (leur confort dans le cas des administrations), et revenir à des formes d’organisation plus durablement ancrées dans un objectif d’utilité publique, pouvant exercer leur pleine responsabilité plutôt que désintermédiées par des services support et autres bureaucraties, et que l’on jugera aussi qualitativement sur la satisfaction de leurs usagers. 

      Corollaire : vous seriez tenté de privatiser l’Education Nationale pour la rendre plus performante. Dans ce raisonnement nous la découperions en petites unités autonomes et publiques, jugées sur des critères qualitatifs localement admis …

      Qu’en pensez vous ?

  5. gidmoz says:

    @Pierre Pezziardi
    1. Respecter son contrat est un principe, a priori, moral. Le contrat de chaque employé est, implicitement, de contribuer au profit de la société, donc de l’actionnaire. La maximisation suppose une étude préalable de multiples scénarios pour choisir le scénario optimal. Je préfère parler de préférence du choix entre deux scénarios. L’employé qui envisage deux scénarios, choisira le scénario qui augmente le profit de l’entreprise.

    2. La question de l’efficience X me semble davantage une question de DRH qu’une question pour économiste. C’est l’art de la direction de faire en sorte que les employés trouvent une réelle satisfaction dans leur travail et, contribuent aussi au profit de l’entreprise. Il parait que cet art subtil serait aussi une science humaine. Dans leurs livres, de nombreux organisateurs expliquent leurs expériences, leurs convictions.

    3. Lorsque vous parlez d’un échange gagnant-gagnant, on revient dans le domaine de compétence de l’économiste. Tout échange, du moins tout échange contractuel, semble nécessairement et toujours gagnant-gagnant aux deux parties qui en conviennent, du moins au moment où ils en conviennent. Sinon, cet échange serait refusé par celui qui n’y gagne pas.

    4. Lorsque l’entreprise produit et vend, c’est l’actionnaire qui produit et vend. En effet le directeur est le mandataire de l’actionnaire. L’actionnaire agit ainsi par le bras du directeur, lequel agit par le bras de l’employé, mandataire du directeur, sous-mandataire de l’actionnaire. Lorsque le client achète, il achète donc à l’actionnaire. Cette vente, comme tout échange commercial est avantageux pour l’actionnaire-vendeur et avantageux pour le client. Il n’existe donc pas de « désalignement » entre l’intérêt du client et l’intérêt de l’actionnaire.

    5. Si le prix d’une commission sur un découvert bancaire a été accepté, c’est que le client l’a jugé avantageux. Il est mal fondé qu’un tiers soutienne que le prix serait démesuré.

    6. Le loyer d’un studio est l’expression de l’offre et de la demande des studios. Il existe une concurrence et un marché. Là encore, il est sans fondement de contester le prix du marché. Si un locataire l’accepte, c’est qu’il juge ce loyer avantageux pour lui.

    7. Tout monopole est étatique, c’est à dire provenant d’une volonté de l’autorité politique. Sinon, il existe toujours des concurrents, des investisseurs prêts à intervenir attirée par un profit supérieur. Le client ne peut donc pas « subir d’abus » d’un fournisseur de service ou de produit. Il existe une concurrence, active ou en veille.

    8. Un spéculateur peut vendre ses biens au prix accepté par un acheteur. L’un et l’autre exerce librement leur droit de propriété. Reprocher au spéculateur de vendre trop cher ou pas assez cher à son acheteur est une absurdité juridique. Il n’existe aucun critère juridique pour avantager l’un au dépend de l’autre. Reprocher aux spéculateurs de faire montrer les prix ou de les faire descendre, c’est reprocher au thermomètre d’être responsable de la température.

    9. Oui, la satisfaction d’un client dépend de mille critères subjectifs. L’économiste se limite à observer que le client a démontré sa préférence en achetant. Le client a préféré son achat plutôt que de conserver son argent. L’analyse des critères psychologiques subjectifs est du domaine du marketing, et non pas du domaine de l’économiste. Aucun économiste sérieux ne tentera de mesurer l’intensité des critères psychologiques, ni de faire des comparaisons entre les individus sur cette intensité.

    10. Oui, il existe une tendance de chacun à relâcher son effort lorsqu’il en reçoit une récompense qui ne dépend pas de la qualité. Oui, à maintes occasions, chacun l’a expérimenté. Mais l’éventualité d’être évincé par un concurrent suffit à résister à la paresse, suffit à vouloir améliorer constamment la qualité. Ce risque est ressentit par le directeur, lequel répercute son exigence aux employés.

    11. On ne peut pas reprocher à chacun d’agir pour son profit. Le profit est au coeur de chacune de nos actions, même les plus infimes, à chaque instant. Nul ne peut reprocher valablement à un fonctionnaire de mettre son confort et ses avantages au premier plan de ses préoccupations. C’est humain, logique, moral. Mais, oui, je reprend votre expression sur « le caractère immoral » de certaines structures. C’est la « structure de péché », concept inventé par Jean-Paul II.

    12. Le concept d’utilité publique rejoint les concept de « bien commun », de l’ « intérêt général ». Après qq siècles de débats, les derniers scolastiques, de Salamanque, au 15e siècle, avaient justement conclu que le seul « bien commun » était la protection de la propriété de chacun. Ils avaient raison.

    13. L’État devrait rendre l’argent aux parents pour éduquer leurs enfants. Chaque parent a le droit de transmettre ses valeurs à ses enfants et de choisir quel prof ils acceptent de rémunérer afin qu’il enseigne à leur enfant. Le terme « Education Nationale » prouve, à lui seul, une offense permanente à la liberté de conscience, à la liberté de chaque parent d’éduquer ses enfants.

    • 12 : vous conviendrez alors qu’un minimum de service public doit être déployé pour garantir ce bien commun qu’est la protection de la propriété de chacun; en particulier l’émission d’une monnaie, l’exercice d’une justice et d’une police, et celle d’une diplomatie et d’une défense. A quels critères objectifs souhaitez-vous juger une telle « prestation » ? 😉

      13 : concernant l’extension des services publics à l’éducation, votre vision me semble dangereuse pour le maintien d’une certaine cohésion sociale et d’une égalité des chances. Elle va susciter l’émergence d’offres à différents prix, créant autant de communautés divergentes, des castes. Bof.

      Comme dit un de mes maîtres (E. Deming), tous les modèles sont faux, certains sont utiles. Les vôtres ne vous permettent pas de distinguer une réalité pourtant flagrante : les abus de position dominante (ex. la sortie de Free), les spéculations nuisibles au consommateur (matières premières dans le Sud, logement ici ..), les consommations obligatoires encore plus confiscatoires que l’impôt (assurances), etc. Donc une réalité dans laquelle la recherche exclusive du profit conduit à mettre au second plan l’objet social de l’entreprise : satisfaire des clients. Peut-être pourriez-vous enrichir votre modélisation de l’économie d’un regard plus profond sur la sociologie des entreprises … notamment ce qui se passe dans l’esprit des employés lorsque le but désigné est de « maximiser le profit sous contrainte de satisfaction client » ou au contraire lorsqu’il est de « maximiser la satisfaction client sous contrainte de profit »…

      Cordialement

      • serge kiala says:

        Bonjour monsieur Pierre je suis etudiant en classe terminal…dans six moi je veux defendre mon travail de fin de cycle de licence a l’universite pedagoque nationale en Rdc,je travail sur le partenariat public prive dans le financement des infrastructure de base dans mon pays pouvez vous m’envoyer des livres qui traite ce sujet ou m’aider dans mon travail?

  6. gidmoz says:

    @Pierre Pezziardi
    1. La seule définition cohérente d’un « service public » est un service rendu par l’État, quel qu’il soit. En effet, tout service peut être rendu par une entreprise privée, sans exception, y compris les services rendus par l’Etat. D’autre part, Tout service commercial est destiné à l’usage du public, et mérite donc, lui aussi, le qualificatif de « service public ».

    2. La monnaie est un bien facilement échangeable. Au 19e siècle, la monnaie était un billet de banque, c’est a dire, une promesse commerciale de livrer un gramme d’or. L’État n’a pas à se mêler de la monnaie. L’État a le monopole monétaire pour voler les habitants. Le monopole monétaire est purement nuisible. Le free banking, c’est à dire, sans contrôle ni règlementation de l’État, fut toujours supérieur à la monnaie étatique.

    3. Je ne parlerai pas ici de la Justice pénale, qui pose certains problèmes politiques. La Justice civile concerne un litige civil entre deux individus. Donc, uniquement un problème de préjudice sans violence. Un tribunal arbitral peut alors avantageusement se substituer à un tribunal étatique. Le recours au tribunal arbitral est permis pour les commerçants, mais, de fait, interdit aux autres. La décision d’un juge arbitral est exécuté par les Huissiers de Justice et par la Police, exactement comme une décision d’un tribunal étatique.

    4. Le quasi-monopole des services de Justice est donc sans fondement sérieux. La justice arbitrale fonctionne sans aucun cout pour l’État. Seuls les usagers de ces services les payent avec leur argent. Le service de Justice est alors rendu sans aucun délai et est de bien meilleure qualité. Il existe, en France, une trentaine de sociétés de Justice qui proposent leurs services de Justice arbitrale. Ces société sont saisies d’un litige et nomment le juge, un ancien magistrat ou un expert judiciaire compétent dans la nature du litige.

    5. Aujourdhui, la moitié des agents de sécurité sont des agents privés, salariés d’agences de sécurité. L’autre moitié est constituée des fonctionnaires de Police. Ces agences de sécurité sont dirigés par des diplômés en Droit, parfois d’anciens commissaires de police. Ces agences privées seraient compétentes pour appréhender des délinquants ou des criminels. Voire pour engager des enquêtes policières(permis aux USA). L’État le leur interdit pour garder un monopole. La mauvaise qualité des enquêtes de police est affligeante et souvent inquiétante.

    6. Pour la diplomatie et la défense, je ne suis pas en total désaccord avec vous. Je met de coté, ici, mes théories libertariennes.

    7. C’est une grande destruction de voler les parents pour leur interdire d’éduquer leur enfants selon leurs valeurs. Vouloir justifier cette destruction par une prétendue cohésion sociale est criminel. C’est bien un crime puisque c’est une contrainte sous la menace d’une arme. L’État détruit ainsi chaque famille, chaque destin dans ce qui a le plus de valeur pour chaque parent. Comment imaginer une plus douloureuse destruction de l’ordre social?

    8. Vous parlez d’égalité des chances. Le terme « égalité en Droit » a un sens précis. Le terme « égalité des chances » ne signifie rien, puisqu’il est impossible de définir une « égalité » entre deux individus. Les individus sont tous différents. Il ne faut parler ni d’égalité, ni d’inégalité. Parler de « chance » est encore un terme inventé et diffusé par l’État pour illusionner le peuple. Non, le mot « chance » ne signifie rien non plus. Chaque enfant bénéficie d’un certain environnement familial et social. L’instruction de 80% des enfants jusqu’au bac est l’objectif étatique. Mais chaque parent, chaque enfant pourrait valablement en contester la pertinence. Il y a beaucoup de choses à dire sur l’éducation des enfants. Mais certainement pas en fondant cette réflexion sur des termes indéfinissables.

    9. Ensuite, votre thèse d’imaginer que cette violence faite aux parents et aux enfants éviterait un plus grand désastre social est faux pour deux raisons immédiates. D’une part, l’État ne peut pas comparer valablement la satisfaction de l’un et la satisfaction de l’autre. L’État ne dispose d’aucun critère de comparaison pour évaluer la situation actuelle puisqu’une telle évaluation est, par nature, impossible. L’État dispose d’encore moins de moyens d’imaginer une situation sociale dont elle ignore tout. En effet, elle serait le résultat de l’initiative privée de chaque parent.

    Encore une fois, la seule définition cohérente du « bien commun » consiste à protéger la propriété de chacun, à protéger les contrats voulus entre chacun. La destruction massive de l’État qui vole l’argent des parents est une première violation du bien commun. Le monopole de l’Éducation Nationale est une autre violation qui détruit, a priori, le choix de chaque parent, de chaque enfant. Ces violences sont ainsi aux antipodes de tout « bien commun ».

  7. TL says:

    En tant qu’ancien prof, je suis contre le monopole de l’Education Nationale dans l’instruction.
    Cf. Une Société sans Ecole, d’Ivan Illich.
    Et en tant qu’ancien cuisinier dans une structure tout ce qu’il y a de plus privé, je regrette que dans le secteur les patrons aient un tel pouvoir.

    Le problème commun au public et au privé est le stress.
    Nous sommes dans une société où nous ne savons plus communiquer entre êtres humains. On se crie dessus, on s’invective, on se donne des ordres, mais on ne communique plus en nous adressant aux gens comme s’ils étaient des êtres humains doués d’intelligence, voire de sensibilité.

    Le public, oui, est dans une boue bureaucratique insondable, mais en l’état actuel des choses les gens du privé sont obsédés par le pognon, et non par la réussite au sens noble, l’accomplissement. Ils préfèrent vendre cher quelque chose de médiocre, que vendre à un prix normal quelque chose de véritablement utile.

  8. gidmoz says:

    @TL
    Ivan Illitch était un sociologue pertinent. Ses analyses de la société étaient utiles. J’avais bien aimé son « Némésis médicale ». Ouvrage très utile. Mais, à mon avis, la sociologie se fourvoie vite lorsqu’elle oublie la science économique.

    J’entends parler du problème du stress au travail sans bien comprendre ce dont il s’agit. Pour moi, le stress est le seul ressort de mon action. Mon stress arrive comme une prise de conscience de la nécessité d’action induite par l’instant présent. Un dasein. J’ai du mal à penser autrement ce concept de stress. J’imagine que la responsabilité du DRH de l’entreprise est de faire en sorte que les employés sont aussi heureux que possible au travail.

    La communication entre deux être humains est toujours difficile. Surtout lorsqu’on travaille ensemble sur un même projet. Ou en couple dans sa vie privée. Cette difficulté existe surement depuis l’origine de l’espèce humaine.

    Oui, les gens sacrifient une grande part de leur vie familiale et leurs passions pour travailler toute la journée. Pour gagner leur vie à la sueur de leur front, comme le disait la Bible. Mais produire de la richesse est noble. Chaque échange produit de la richesse pour l’autre et pour soi-même. Tout argent gagné mesure aussi la richesse qu’on a créée pour l’autre. On ne peut créer de la richesse qu’en enrichissant l’autre.

    La valeur d’une chose n’existe que dans l’esprit d’un individu. Le prix d’une chose est donc nécessairement la valeur d’échange, payée par celui qui l’achète. Le prix « normal » n’existe pas. Ni le « prix juste ». Il existe seulement le prix convenu entre un acheteur et un vendeur. L’utilité d’une chose dépend du jugement de préférence de chacun sur cette chose. La valeur est un acte de la pensée. Un acte de préférence.

  9. TL says:

    Tout argent gagné mesure aussi la richesse qu’on a créée pour l’autre ? Oui et non.

    Il est tautologique de dire que l’acheteur préfère dépenser le montant payé, que le garder, et que réciproquement le vendeur préfère recevoir le montant payé, que garder la marchandise.
    Mais il n’y a pas égalité exactement. Plutôt un encadrement (une inégalité, au sens mathématique du terme) de la valeur créée, et plus exactement de son équivalent-argent.

    L’utilité de la monnaie varie d’un individu à l’autre.

    A proprement parler, X étant vendeur d’un bien, et Y l’acheteur, on peut simplement dire que l’utilité qu’a X du bien est inférieure à l’utilité qu’il a de la monnaie reçue, et qu’au contraire l’utilité que Y a de ce bien est supérieure à l’utilité qu’il a de la monnaie reçue.

    ———————————

    Sur les prix « juste » et « normal » : sans partir trop loin, il me semble que si l’on établissait un référencement général des prix que les agents demandent ou offrent; on pourrait arriver, par égalisation de ces courbes à la marge, à un système de prix que l’on pourrait qualifier de « juste » ou « normal » (certes en modifiant un peu le sens de ces concepts).

  10. gidmoz says:

    @TL
    Dans un échange commercial, le vendeur s’enrichit ET l’acheteur s’enrichit. Un échange volontaire est double création de richesse. Mais il est rarement possible de mettre un chiffre sur ces deux richesses ainsi créées. Ma formulation sur le concept de « mesure » était donc maladroite. Lorsque j’achète mon pain un euro, mon boulanger s’enrichit de 50 centimes et je m’enrichis de trois euros.

    Lorsqu’un employé vend 2000 euros un mois de travail, l’employé s’enrichit de 2000 euros et son client, l’employeur, s’enrichit d’environ 3000 euros. L’employeur pourrait valoriser le travail de cet employé à 3000 euros. Sa marge nette sur le travail de cet employé lui rapporte donc 3000-2000=1000 euros mensuels.

    Ces deux exemples illustrent que la richesse créée pour le vendeur est rarement égale à la richesse créée pour l’acheteur. Il n’existe aucune proportion fixe. Et encore moins une égalité. Lorsque je parle de « mesure », je pensais à un ordre de grandeur et non pas à un chiffre. Le commerçant qui a gagné 100000 euros peut valablement se dire que le cumul des richesse créées pour ses clients ont été de l’ordre de 50000 à 300000 euros.

    Ce commerçant peut être légitimement fier de lui. Il a enrichit la société par son travail. C’est dans ce sens que la richesse gagnée par un agent économique est « une mesure » ou « un ordre de grandeur de la mesure » des richesses créées pour ses clients. J’utilise ici le mot « une mesure » dans le sens de « moyen d’évaluer, moyen de mesurer » la richesse totale créée pour ses clients. Donc mesure dans le sens d’un « ordre de grandeur ».

    La fortune de Bill Gates a été amassée grâce à une richesse produite au bénéfice de ses clients. Le montant de la richesse produite au bénéfice de ses clients est probablement 100 fois supérieure à la richesse de Bill Gates.

    Dans le terme « prix juste », je ne veux entendre que le mot « juste », mot qui renvoie au concept de Justice et d’une norme de Droit. C’est un tout autre débat. Pour moi, la seule condition d’un accord juste, donc d’un « prix juste », est le consentement du vendeur et le consentement de l’acheteur.

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