effet de frein de l’étalon-or

Certains économistes favorables à l’étalon-or soutiennent que « La quantité de monnaie disponible dans l’économie est toujours suffisante pour permettre à chacun tout ce que la monnaie fait et peut faire. »

Oui, c’est exact. Si la monnaie manque, l’or augmentera de valeur et la quantité de monnaie sera alors plus grande. C’est une régulation automatique de la valeur et de la quantité de monnaie. Mais cet automatisme a un coût caché. C’est un frein caché de chaque instant des variations de l’activité économique.

Une qualité première de la monnaie est la stabilité de la valeur. Or la demande de monnaie n’est pas entièrement liée à la production et aux achats. En effet, certaines demandes de monnaies sont destinées à la thésaurisation, ou à des échanges entre banques. Ces productions de monnaie n’augmentent pas immédiatement la Demande globale.

Il n’est pas établi que la variation de la valeur de la production suivrait fidèlement la variation de la valeur de l’or. Si une monnaie plus stable que l’or pouvait mesurer ces variations de la valeur de l’or, on observerait cette différence de comportement de la valeur de l’or et de la valeur de la production. Il s’ensuit qu’une demande de monnaie étatique à étalon d’or reduira la production et augmentera la valeur de l’or. A condition de comparer à une monnaie hypothétique qui, elle, conserverait une valeur stable.

Ainsi une monnaie étatique à étalon-or ne peut pas conduire à une production optimale. La production sera nécessairement inférieure à ce que la production aurait été si la valeur de la monnaie avait été plus stable.

De plus, elle induit une augmentation de la valeur de l’or et une diminution de la valeur de l’or dans des proportions qui ne correspondent pas aux proportions des quantités produites et des quantités demandées. La quantité d’or n’est pas à l’image des quantités produites, ni des quantités demandées.

Certes, la hausse de la valeur de l’or ira souvent dans le même sens qu’une moindre abondance des produits. certes, la baisse de l’or ira souvent dans le même sens qu’une plus grande abondance des produit.

L’étalon-or fonctionne, pour une monnaie étatique, comme un frein mis sur les quatre roues du véhicule.

Le freebanking permet que de plus nombreux biens servent de monnaie, réduisant ainsi l’effet de frein. Cet effet de frein est du au fait que la demande d’or est, par nature, différente de la nature de la demande des autres biens. Cet effet de frein est aussi du fait que l’offre d’or est, par nature, différente de la nature de l’offre des autres biens en vente sur les marchés.

La plus grande pluralité des biens servant à garantir la valeur et la quantité des monnaies émises est une condition nécessaire à une réduction de cet effet de frein.

Lorsque l’État a inventé la monnaie de banque centrale, la monnaie était alors garantie par la valeur de la quantité de toutes les marchandises en vente à chaque instant. C’est un aspect positif de la monnaie étatique qui mérite d’être souligné, mais qui ne suffit pas à la justifier.

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bitcoin, une expérience intéressante

Thierry: Bitcoin est en tout cas une expérience intéressante, et vouée à un certain succès… sauf quand les États vont s’en mêler !

Gidmoz: Cette expérience illustre que la valeur de la monnaie a deux sources: d’une part sa valeur non monétaire. Et d’autre part, la facilité des transactions. C’est la raison pour laquelle la promesse d’un gramme d’or(si billet de banque) a autant de valeur qu’un gramme d’or, sinon plus. C’est aussi la raison pour laquelle bitcoin a de la valeur alors que sa valeur non monétaire est quasi-nulle, sauf pour qq geeks. La valeur de bitcoin réside dans le gain que bitcoin permet lors des échanges. Un des gains est l’anonymat.

Thierry: Oui, je sais (j’ai d’ailleurs intégré plusieurs de vos objections dans l’article de Wikibéral). Il y a en fait deux populations intéressées par Bitcoin : 1. ceux qui s’intéressent à la facilité de transaction (on peut imaginer des transactions d’une monnaie fiat à une autre monnaie fiat où Bitcoin servirait de pur intermédiaire, c’est peut-être là l’avenir de Bitcoin ?) et 2. les spéculateurs ou « épargnants ». La théorie de Mencius Moldbug à ce sujet est que c’est la catégorie 2 qui détermine entièrement la valeur et la viabilité de Bitcoin, et que si l’Etat empêchait la conversion Bitcoin/monnaies fiats, Bitcoin s’effondrerait.

Gidmoz: 1. Oui, bitcoin serait un bon intermédiaire des échanges à condition que le cours du bitcoin sur un marché organisé varie peu entre le début et la fin de la transaction. C’est la loi qui interdit aux monnaies légales de permettre des échanges aussi faciles. Les techniques pour faire mieux que bitcoin sont innombrables, contrairement à ce qu’imaginent certains admirateurs de bitcoin. 2. J’apprends, ravi, que ce monsieur Mencius Moldbug pense exactement comme moi sur la source de la valeur de bitcoin. Toute loi restreignant la liberté des échanges de bitcoin amoindrirait, voire annulerait, la valeur des bitcoins.

Frédéric: bref ça s’effondrera dès que ça deviendra trop important et que le léviathan aura sorti sa tentacule… no future

Thierry: Le rêve aurait été un bitcoin adossé à l’or, qui sait, un jour peut-être ?

Gidmoz: Ce ne serait pas exactement un bitcoin adossé à l’or. Mais presque. Ce serait un « bitcoin », une information numérique unique, et représentant une promesse d’un gramme d’or dans le coffre de telle société commerciale bien identifiée. Et cette société commerciale remettrait un gramme d’or en échange de ce « bitcoin » là, bien identifié. Mais alors, chaque société commerciale de gardiennage d’or émettra ses « bitcoin » différents des autres « bitcoins » de sociétés concurrentes.

valeur d’un bien servant de monnaie.

Je propose une explication de la valeur d’un bien qui sert de monnaie. Un bien qui ne sert pas encore de monnaie est demandé pour ses qualités, pour son « usage initial ». Lorsque ce bien sert de monnaie, il est demandé comme réserve de valeur. A la « demande non monétaire », s’ajoute une « demande monétaire », pour devenir la « demande totale ». Ce qui augmente la valeur du bien.

Cette « demande monétaire » provient de gens que n’utilisent pas ce bien dans son « usage initial ». Et ceux qui font une demande monétaire » savent que ce bien a de la valeur car ils savent que d’autres sont intéressés par l’ « usage initial » de ce bien. Ainsi, les « demandeurs monétaires » évaluent la valeur du bien par observation, par imitation. L’existence de la valeur provient de l’ « usage initial du bien ». Mais le niveau de la valeur de ce bien dépend de la somme des deux demandes.

Une interaction complexe se met en place entre les demandeurs non monétaires et les demandeurs monétaires. C’est une observation limitée aux cours sur les marchés organisés ou non. Les demandeurs observent les demandeurs non monétaires. Les demandeurs monétaires s’observent entre eux. Ces observations se limitent à des observations du résultats des comportements, principalement aux prix constatés. Cette interaction complexe peut prendre de nombreux chemins. Chaque utilisateur d’un bien s’habitue à une certaine valeur de ce bien, à un certain prix du bien. Dans l’esprit de chaque utilisateur, il existe ainsi une sorte de « rémanence de la valeur » d’une chose. C’est aussi une rémanence de la confiance, parfois une rémanence de la croyance. Ce phénomène de rémanence se nourrit de l’effet d’imitation réciproque des uns sur les autres. Dans ce processus psychologique, la « rémanence de la valeur » est la norme, et la modification est l’exception. Cette interaction complexe passe aussi par la demande non monétaire du bien.

L’or suit bien ce schéma d’explication. L’or a de la valeur car il sert à faire des bijoux. Et son niveau de valeur provient principalement de la demande monétaire.

Pour bitcoin, ce schéma d’explication ne s’applique pas exactement. En effet, la valeur non monétaire n’existe pas, ou alors comme valeur de plaisir ludique. Bitcoin s’amuse à jouer à une vraie monnaie. Et les amateurs de ce jeu semblent nombreux. Mais bitcoin sait transférer des sommes d’argent de manière anonyme. La demande pour cet anonymat semble si intense qu’elle soutient suffisamment d’achats et de ventes de bitcoins.

L’absence d’utilisation non monétaire interdit à bitcoin d’avoir une valeur de référence. Chacun suit les cours erratiques du bitcoin. Pendant certaines périodes, il semble exister une croyance temporaire autour d’une certaine valeur, laquelle devient alors stable pendant cette période temporaire. Pendant cette période stable, un acheteur achète des bitcoins pour payer son vendeur, lequel les revendra. Le phénomène de « rémanence de la valeur » joue pour les bitcoin, comme pour tout autre bien. Tant que cette rémanence perdure dans l’esprit d’un nombre suffisant d’utilisateurs, la valeur d’un bitcoin perdure lui aussi.

l’appétit insatiable des banquiers

un individu: C’est vrai qu’ils ont un appétit insatiable, ces banquiers nourris par l’argent de l’Etat.

Gidmoz: L’Etat a créée un monopole monétaire pour mieux spolier le peuple. L’Etat nourrit ce monopole monétaire afin de survivre, mais en consommant le sang et la sueur du peuple. L’Etat est le pire ennemi du peuple. Il faut que l’Etat rende la monnaie au peuple. L’Etat devrait cesser toute création monétaire, cesser toute intervention dans le secteur bancaire et monétaire. Ce serait le retour du free banking, de la banque libre. La banque libre a toujours fonctionné avec succès dans les pays riches depuis trois siècles. Le total de ces périodes de freebanking est de 600 ans. 600 ans de freebanking sans aucun échec, avec la prospérité des pays est une des preuves que l’Etat devrait cesser de s’occuper de monnaie. La monnaie est une marchandise, un service commercial ordinaire qui n’a rien à faire entre les mains de l’Etat.

un individu: Et comme ça les banquiers vont pouvoir s’enrichir encore plus et sans le contrôle de l’Etat. Non merci !

Gidmoz: L’Etat a inventé un système monétaire pervers qui oblige, de fait, les banques à prêter à un emprunteur qui ne remboursera jamais. Et cet emprunteur est l’Etat lui-même. Grace un tour de passe-passe, l’Etat diffère indéfiniment le remboursement de ses emprunts. La boucle est bouclée. Les banques sont des pions entre les mains d’un Etat qui s’endette à l’excès. Depuis Ricardo, on sait qu’un endettement de l’Etat est un impôt caché que devra payer le peuple plus tard. Et nous y sommes. Les banques sont des moyens, certes onéreux, utilisés par l’Etat pour voler le peuple.

un individu: parlez nous plutôt des intérêts monstrueux que perçoivent les banques grâce à ces emprunts jamais remboursés. Personne ne pleure sur les banques

Gidmoz: Il faut d’abord comprendre qu’une Banque Centrale qui prête à l’Etat, c’est moi-même qui me prête à moi-même. C’est un artifice comptable. C’est ma main droite qui prête à ma main gauche. Mais cet artifice comptable est pratique car il permet de revendre les créances sur l’Etat. Une créance sur un Etat s’appelle des « bons du trésor ». Et beaucoup de rentiers aiment acheter des « bons de Trésor ». Ces achats de bons du Trésor par les rentiers permettent aux banques de prêter davantage à leur Etat qui le leur ordonne. Les taux des emprunts sont déterminés par les marchés. Que l’emprunteur soit l’Etat ou Madame Michu, le taux est comparable. Oui, chaque banque bénéficie d’un privilège de l’Etat, non pas d’émission de monnaie, mais le privilège d’avoir presque gratuitement la « liquidité » de la Banque Centrale. Ce privilège est inclut dans le cours de Bourse de la BNP. L’actionnaire qui achète une action de la BNP a ainsi acheté une part de ce privilège. Un peu comme un taxi qui achète sa licence de taxi, qui achète un privilège de l’Etat.