mariage pour tous, une question mal posée
jeudi 17 janvier 2013 Laisser un commentaire
Le mariage est une union sexuelle entre un homme et une femme. Une union sexuelle entre un homme et une femme n’est pas nécessairement un mariage. Le mariage a un caractère sacré. Il dépasse et sublime le projet de vie des époux. Le caractère sacré du mariage peut s’exprimer par une cérémonie religieuse, familiale ou publique. La religion n’a pas le monopole du Sacré.
Les époux s’engagent, devant des témoins, à une mutuelle assistance et à prendre soin des enfants qui pourront naitre du mariage, ou des enfants que le couple adoptera. Le mariage définit aussi le père et la mère des enfants du couple.
Une partie des engagements moraux et matériels pris par les époux fait l’objet d’un contrat. Un contrat au sens d’une obligation juridique qui se forme entre les époux. Cette union du mariage est aussi un contrat entre les deux époux. Ce contrat stipule les obligations de l’époux envers l’épouse et de les obligations de l’épouse envers l’époux. Chaque couple peut apporter des variantes juridiques spécifiques à cette union.
Un État n’est pas nécessaire pour enregistrer ni un contrat, ni pour lui donner la force d’un contrat, la force d’une obligation. L’État, s’il intervient, devrait se limiter à aider les co-contractants à faire respecter les contrats convenus. C’est une erreur commune de croire qu’un contrat serait nul sans État.
Tout contrat désigne un juge, un tribunal, qui tranchera les éventuels litiges qui pourront survenir dans l’interprétation ou dans l’exécution du contrat. Là encore, c’est une erreur commune d’imaginer qu’un tribunal ne pourrait pas exister sans État. Ainsi, la moitié des litiges commerciaux internationaux sont tranchés par des tribunaux privés, dit « tribunaux arbitraux », et hors de tout État. La décision d’un Tribunal arbitral révèle du seul contrat privé. Elle est la conséquence directe d’un contrat. En ce sens, un État, ou toute autre autorité de police, doit l’aider à s’exécuter.
Le contrat de mariage désigne, lui aussi, le tribunal qui sera compétent pour juger les éventuels litige entre les époux. Du moins, c’est la manière la plus pacifique de prévenir les litiges. Un État n’est pas nécessaire pour désigner un tribunal qui trancherait les litiges d’un couple. Une mosquée, ou un évêché, une université, ou toute autre société commerciale de Justice peut fournir des juges intègres pour trancher un litige.
Un couple peut se dire valablement « marié » sans « être passé devant monsieur le Maire ». Il est mille autres manières d’enregistrer un contrat de mariage que d’en informer l’État. Je suis surpris d’entendre un couple vivant ensemble depuis dix ans avec leurs trois enfants n’osant pas dire qu’ils sont « mariés ». La raison est qu’ils n’ont pas enregistré leur union devant monsieur le Maire. Ils parlent alors de l’autre en disant « mon petit copain », ou « ma copine » au lieu de dire « mon mari », ou « mon époux », « mon épouse », « ma femme ». On sent bien la grande gêne du couple à utiliser ces qualificatifs. Ce serait un combat valable pour les féministes de revendiquer le droit au mariage sans État.
Si un couple d’homosexuels affirme qu’il est marié, chacun a la liberté d’accepter ou de refuser cette terminologie. Mais chacun est libre de la refuser au nom de son vocabulaire. Pour certains, le mot « mariage » ne peut s’appliquer uniquement à un homme et une femme ». C’est la liberté individuelle de chacun d’utiliser, ou de refuser d’utiliser, le mot « mariage » pour un couple d’homosexuels. Chacun peut approuver ou désapprouver une telle union de deux homosexuels. Mais nul ne peut leur interdire de vivre ensemble sans violer le Droit Naturel de chacun à disposer de soi-même. Chacun est libre de son jugement moral sur les gens. L’État n’est pas propriétaire de la langue parlée ou écrite. L’État n’est pas propriétaire de la conviction intime de chacun.
Un directeur d’orphelinat peut souhaiter, à titre exceptionnel, confier un nourrisson, à tel couple d’homosexuels qu’il connait pour leur sérieux et leur stabilité. Cette décision est la responsabilité de ce directeur d’orphelinat. Et nul ne peut valablement la contester. Ce directeur d’orphelinat a le droit d’agir selon sa conscience, et sans avoir de compte à rendre à d’autres qu’aux propriétaires de l’orphelinat. Là encore, l’État ne devrait pas s’occuper des orphelinats.
La question du prétendu « mariage pour tous » est mal posée. Ceux qui y sont favorables veulent contraindre la liberté individuelle d’autres individus au mépris du respect de conscience de chacun. Ceux qui s’opposent au mariage pour tous veulent, eux aussi, violer la liberté de conscience de leur adversaires. La seule issue respectant la liberté individuelle de chacun est que l’État cesse de s’occuper du contrat de mariage, que l’État cesse de s’occuper des tribunaux jugeant les affaires de couples ou de famille, que l’État cesse de s’occuper des orphelinats. Que l’État cesse de son monopole de l’adoption.
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