Un prêt bancaire n’est pas un prêt
lundi 4 février 2013 Laisser un commentaire
Un prêt bancaire n’est pas un prêt. C’est une curiosité du vocabulaire. Mais c’est surtout important de le savoir lorsqu’on étudie le mécanisme des prêts bancaires. Cela peut légitimement troubler un lecteur. Ce lecteur pourrait en conclure, hâtivement, qu’un prêt bancaire serait frauduleux pour la seule raison que ce n’est pas un prêt. Non, une bizarrerie du vocabulaire ne suffit pas à affirmer l’existence d’une fraude. Cela crée une source de confusion habituelle de certains lecteurs. Je l’explique ci-dessous au travers d’un dialogue:
Gidmoz: Il faut bien comprendre que le prêt bancaire n’est pas un prêt. Si je prête un livre à un ami, il me rend le même livre. C’est le prêt, au sens commun du terme. Rien de tel dans un prêt bancaire. Le prêteur(banque) devient propriétaire d’un IOU(reconnaissance de dette) sur l’emprunteur. Et l’emprunteur devient propriétaire de promesses de la banque(unités monétaires). Après le « prêt bancaire », l’emprunteur ne possède donc rien qui appartient à la banque. Le prêt bancaire n’est donc pas un prêt au sens commun du terme.
Stéphane: <> Il faut bien comprendre que c’est exactement la où est le problème.
Gidmoz: Dans un prêt bancaire, l’emprunteur ne peut pas rendre les mêmes certificats de dépôt que ceux que le banquier lui avait « prêtés »(remis). Le prêt bancaire n’est donc pas un prêt, n’est pas un contrat de prêt d’une chose. C’est un contrat rédigé autrement qu’un contrat de prêt.
Stéphane: Tetracapilosection sans intérêt, si je puis dire.
Gidmoz: Le diable est dans les détails, dit-on. Or, ici, ce n’est pas un détail, c’est énorme! L’emprunteur possède entièrement l’argent versé par la banque. C’est la possession pleine et entière de l’emprunteur. Il ne peut pas en être autrement puisqu’il ne rendra jamais les mêmes certificats de dépôts. Donc la logique juridique du contrat de « prêt bancaire » est différente de celle d’un contrat de prêt d’un livre emprunté et qu’on rendra.
Stéphane: Non. La propriété en matière de monnaie est toujours sur la quantité, pas sur les atomes. Sinon elle ne pourrait pas circuler. C’est bien sur ce point que vous vous plantez depuis le début. Pour n’importe qui, 1g d’or, c’est 1g d’or. Ce n’est pas ce gramme d’or. Sinon ce n’est pas une monnaie.
Gidmoz: Un droit de propriété porte sur telle chose bien définie. Tentez de définir un droit de propriété sur 10 pièces d’or, quelles que soient ces dix pièces d’or. Une telle définition d’un tel droit hypothétique est évidement impossible.
Gidmoz: Ou plutôt tentez de définir un droit de propriété portant sur 10 grammes d’or, sachant que d’autres grammes d’or quelconques peuvent se substituer aux grammes d’or initiaux. Bonjour la complexité du contrat. Parce que vous visez un gramme qui appartient alors à une autre personne et que vous ignorez.
Stéphane: Quand on exprime un contrat en euros, c’est complique ? Non, pourtant, ce ne sont jamais les mêmes billets. Foutaises.
Stéphane: La clé est ici : la monnaie a cette caractéristique, elle se reconnait au fait que sa propriété s’exprime en unités et non en articles. A partir de la, l’argument qui est le votre de la reconnaissance de la propriété une fois en banque tombe et n’a pas de réalité.
Gidmoz: Vous dites » la monnaie a cette caractéristique, elle se reconnait au fait que sa propriété s’exprime en unités et non en articles ». On ne définit pas le concept de propriété à partir du concept de monnaie. C’est l’inverse. Votre argument revient à dire,(je schématise): la monnaie est comme cela, donc la nature de la propriété de la monnaie est différente des autres propriétés, car sinon, il n’y aurait plus de monnaie. Ce raisonnement ne tient pas.
Gidmoz: Vous dites « Quand on exprime un contrat en euros, c’est complique ? Non, pourtant, ce ne sont jamais les mêmes billets ». Ce n’est pas un bon argument. Nous parlons de la nature de la monnaie. Or, un contrat de dette en euros, ne s’intéresse pas à la nature de l’euro, mais à sa quantité.
Gidmoz: Le gidmoz-or est un papier disant « contre ce papier, gidmoz donne un gramme d’or ». Chaque papier est numéroté. C’est comme un billet de banque. Chaque gramme d’or est dans un sachet numéroté. La numérotation des billets est différente de la numérotation des sachets. gidmoz remet un sachet d’un gramme d’or en échange d’un gidmoz-or. Tentez de définir un droit de propriété sur 10 gidmoz-or avec votre hypothèse. Votre hypothèse revient à considérer que le droit de propriété de dix gidmoz-or serait IDENTIQUE au droit de propriété de dix autres gidmoz-or. Votre hypothèse me semble incompatible avec l’exercice que je vous propose.
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